A l’occasion de la Pentecôte dernière, il se produisit un événement qui, je l’espère, fera date dans les mémoires,  et dont je veux bien me faire l’écho auprès de vous.

 Rendez-vous pris à 17h à Naizin, charmant village du  Morbihan, sis au cœur d’un triangle Josselin, Pontivy, Locminé. Nous nous retrouvons tous à l’heure dite, à quelques minutes près, sans aucune fausse note. C’est au bord d’un délicat petit plan d’eau orné de magnifiques nénuphars que nous sommes accueillis par les pontifes locaux. D’entrée de jeu, les discours de rigueur qui s’imposent avec un préambule de présentation de la commune par M. le maire ; puis, J.P. HENO, notre maire adjoint aux sports, valorise l’échange qui va naître entre les deux communes et rappelle que Créteil a déjà accueilli plusieurs enfants du pays breton en son sein, lesquels se sont hissés à un très haut niveau. Le Président du club naizinois prend alors la parole et s’excuse d’emblée de ne pouvoir être des nôtres sur la route le lendemain étant retenu par un repas de famille.

Lorsque notre Président intervient à son tour, c’est pour surenchérir sur les liens qui peuvent se tisser entre les deux clubs en proposant dès à présent une invitation aux autochtones de se rendre quand ils le voudront sur une de nos célébrissimes sorties type « l’ATIF ».

Après un premier apéritif offert par la municipalité, nous sommes invités à rejoindre notre hôtel situé sur Réguiny, village tout proche de Naizin. Cela n’échappera à personne, notre Président avait une fois de plus bien fait les choses car nous allons pouvoir nous restaurer autour d’un savoureux plateau de fruits de mer d’une très grande fraîcheur. La soirée se poursuit gentiment jusqu’à une heure raisonnable car demain … il faut se lever tôt si l’on veut avoir « course gagnée » sur nos hôtes qui, eux, connaissent bien le terrain ! En effet, c’est un point que M. le maire n’avait pas mentionné dans son discours ! Sans doute une ruse locale !

Nous voici donc, fins prêts à 8 h 30 le dimanche matin, fièrement élancés sur nos machines. L’équipe naizinoise disposait d’un sympathique journaliste qui, dès l’aube, se postait sur la ligne de départ, rivé à son camescope pour ne pas perdre une miette de l’ambiance !

  Sur une escouade de vingt-trois unités cristoliennes, ne comptons pas moins d’une dizaine de féminines, dont quatre marcheuses et sept roulantes . Le tandem « Alain-Gilles » prenait lui aussi sa place sur la tôle ondulée des 80 km. C’est bien en effet de tôle ondulée dont il sera question quatre heures durant car des 80 km bretons piègent cuisses et mollets de façon bien plus inattendue que des 80 km en Ile-de-France ! Même s’il est avéré que nous avons nous aussi nos bosses, les bretons ne font pas déroger à leurs « casse-pattes » leur réputation assassine ! Et la célèbre côte de Cadoudal que les champions s’amusent à mordre 16 fois sur la même épreuve, nous attendait avec son cortège de désagréables surprises : elle avait d’emblée pris le parti de faire chuter la vitesse du tandem à 9.5 km/h, et elle a réussi ! deux passages d’entrée à 8%, puis une pente qui n’en finit pas sur 1.5  km ! quel bonheur de pouvoir enfin échanger nos émotions entre deux souffles au sommet de l’ascension après le dernier virage !

 Ceux qui avaient choisi l’option du petit circuit de 45 km en furent également pour leur frais ! eux aussi eurent à mordre la poussière sur les montagnes russes bretonnes. De surcroît, nos hôtes qui étaient de merveilleux guides leur ont donné à découvrir Radenac, le village d’adoption de Jean ROBIC, ce qui est toujours assez touchant ! Sinon que de doux paysages traversés ! Nos Quatre dames marcheuses en furent aussi très comblées !

 Tout ce joli monde se retrouvait à 13h à la mairie de Naizin pour l’échange des médailles inter-municipalités, (cela le valait bien) ! puis à nouveau suite des hostilités gargantuesques roboratives autour d’un barbecue celte géant offert par les irréductibles naizinois qui étaient loin d’avoir perdu la face !

 C’est alors que pouvaient s’éclaircir les impressions vécues sur du sol dorénavant conquis : un excellent terrain d’entraînement pour maintenir une forme de tous les tonnerres ; un travail à faire décupler les forces mais qui peut tuer le néophyte s’il se laisse surprendre en voulant se croire plus fort que la moindre côte ! Je me suis moi-même laissé avoir à ce petit jeu là ! J’ai voulu flamber un peu en fin de parcours en cherchant à prendre la tête de peloton pour m’amuser, comme ça, en pleine ascension ! C’était sans compter qu’il  restait une dernière méchante côte juste avant Naizin ; mais je n’avais à cet instant, pauvre de moi, plus de jus du tout obligeant mon Alain à fournir le maximum de ses dernières cartouches et à pousser son cardio à plus de 170.

 Je voudrais confirmer le témoignage des copains qui assuraient qu’un tel terrain constitue par essence une piste d’entraînement idéal en soulignant le fait que sur certaines bicyclettes ergonomiques il existe des programmes de travail sur trajets pentus permettant de faire varier la puissance. Bien sûr le paramètre « vent » ne sera jamais pris en compte dans de telles conditions ; et il faut bien dire que nous, nous en avons eu de ce vent breton plein ouest, souvent 3 /4 face parfois pile en face et rarement favorable ! Tant pis, tel était le lot des aventuriers que nous fûmes ! C’est cependant mentir car nous avons bénéficié d’une météo absolument splendide où la crème solaire était bien plus indispensable que le k-way.

 Pour conclure la journée le dernier affront se solda par une partie de pétanque entre villageois et citadins, avant la prise du dernier repas à la bonne franquette.Une soirée qui se terminait chaleureusement, joyeusement mais toujours gaillardement !

 Les cristoliens se sont encore retrouvés cette fois pour la « der » le lendemain matin autour du petit déjeuner et puis chacun est reparti sur son petit bonhomme de chemin, bon nombre vers la capitale ou plutôt sa proche banlieue, en tous cas celle que vous connaissez bien. Mais il paraît qu’une certaine famille est remonté sur le mont St-Michel, et qu’à l’heure où je rédige ce papier, cette famille s’est bravement lancée dans un relais de France ; il paraît même que, l’une des trois personnes de la famille, que je ne nommerai pas mais que nous apprécions tous pour sa discrétion et sa gentillesse relève le défi d’enchaîner deux relais ! Je crois qu’il serait ici salutaire de lui faire sans tarder un ban pour l’encourager et la féliciter !

 Mes amis je vais poser ici la plume mais je souhaite bien, à l’instar de notre Président, qu’une telle rencontre se reproduise et j’espère alors pouvoir de nouveau faire partie des présents pour revivre avec émotion un bel effort de ce type que je considère comme tout à fait enrichissant.

 

Gilles LEBRETON.